Échos littéraires, c’est aussi de la poésie, mais pas n’importe laquelle, de la belle poésie que nous voulions partager avec vous. Pour ce faire, nous ouvrons nos colonnes à Mohand Said-Bensekhria, qui est d’abord un ami, mais aussi et surtout un poète et une belle âme bienveillante.
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Avec des mots sincères et généreux, Mohand-Said évoque avec tendresse et passion, comment tirer profit de chaque situation de la vie de tous les jours. Il sait comment donner vie aux mots les plus touchants et comment faire en sorte qu’ils nous touchent au plus profond de nous-même. Publié chez les éditions Imtidad, « Murmures d’automne » est d’abord une halte ou apparaît volontiers comme une belle énergie, pour mieux scruter et guetter chaque geste de ce monde qui nous transporte vers des horizons bien particuliers.
Après une carrière de plus de 30 ans, à la radio et dans le journalisme, le poète est resté fidèle à lui-même, proche des autres, de leur réalité et des défis qui sont les leurs. Amoureux des mots et imprégné de poésie, le journaliste évoque tour à tour, la souffrance, l’amour, mais aussi l’espoir, d’un lendemain meilleur.
Échos littéraires: très content de te recevoir dans cet espace dédié à la littérature. Peux-tu nous parler de ta poésie, de ton style si particulier, notamment, celui qui est basé sur les oxymores de l’artiste Lounès Matoub, cette figure de style qui consiste à allier deux mots de sens contradictoires ?
Mohand Said-Bensekhria : Oui, le chantre de la chanson kabyle Matoub Lounes m’inspire beaucoup, du fait de ses mots et de ses figures de style. Les oxymores permettent en peu de mots de créer de magnifiques images. Les messages ainsi créés touchent directement les âmes, les consciences. Et c’est là, je pense, l’objectif de toute poésie. Une poésie qui ne parle pas aux consciences, qui n’apporte pas de changement, n’est pas poésie pour moi. La poésie engagée est la plus belle des poésies. Il n’est pas obligé qu’elle soit politique ou politicienne. Mais plutôt espérer pour rapprocher les gens malgré leurs différences, les frontières. Ma poésie est peinte généralement de noirceur, de peines, de douleur et justement pour dire l’espoir. Je m’inspire de tout ce qui touche à l’humain, ce qui fait cette humanité. De la laideur des choses, j’ose créer de la beauté. Dans l’infime, je recherche le grandiose. Des petites choses de tous les jours qui peuvent paraître anodines, je tresse mes mots pour dire l’importance du détail. Car, pour moi, le bonheur est justement calé entre deux petites choses de la vie. C’est ce que je raconte dans Murmures d’automne. Murmures d’automne édité en 2023 chez les éditions Imtidad à Alger. Il est le troisième opus après Paradis des âmes perdues, éditions Edilivre en 2016 puis Au clair de mes nuits, l’Harmattan, 2019.
Échos littéraires: Prolifique, ce recueil à lui seul, possède 60 poèmes au total, ce n’est pas rien, mais alors, cette soif de dire, de parler, de partager, ou trouve t’elle sa source ?
Mohand Said-Bensekhria : Vous faites bien de dire soif de parler, car il s’agit bien de soif. Il est vrai que par mon métier de journaliste, j’arrive à étancher un peu cette soif de dire, cependant j’ai toujours ressenti ce petit quelque chose qui me manquait. Cette façon de dire, de raconter d’une autre manière. Une manière plus belle qui me permettrait de faire ressortir un ressenti, une vision, une douleur ou même une joie avec d’autres mots, des mots aussi légers que la brise, loin de tous ces vocables savants, à la limite usés par un usage répète et en fin de compte devenus vide, creux. Le besoin d’écrire est venu à moi sans l’avoir vraiment cherché. Il trouve sa source certainement dans tout ce cumul d’émotions, de sensations, de silences tout au long de mes 33 ans de journalisme où il m’a été donné de voir des choses belles et surtout moins belles. Mon métier m’a permis de voyager, de voir d’autres cultures, d’autres façons aussi de vivre. Je pense que mon inspiration trouve sa source dans toutes ces situations vécues.
Échos littéraires: Justement, en évoquant ta sensibilité, tu dis que le fait d’avoir voyagé, d’avoir vu les gens dans leurs vies de tous les jours, t’a permis de prendre la mesure du défi et des personnes. Donc, d’avoir vu comment l’amour est en mesure d’être un salut pour les gens. Comment réussit-on cela ?
Mohand Said-Bensekhria : Une bien grande et profonde question que celle-ci, cher ami.
À mon sens, l’amour est inné en nous. C’est plutôt la méchanceté qu’on acquiert tout au long de notre vécu. Dans son ensemble, le monde est bon et beau sinon on n’en serait pas là aujourd’hui à parler de poésie. Et il est bon et beau, justement grâce à la poésie. La poésie a toujours accompagné l’humain. La poésie naît l’espoir. Et l’espoir est amour.
J’ai eu à déclamer ma poésie dans des lieux où la douleur, le mal se lisaient dans les yeux des gens. La solitude, le silence rongeaient leurs jours et à la fin les regards de ces gens se remplissaient de lumière, d’espoir. Donc, le salut pour moi est dans la poésie.
Échos littéraires: Tu soulignes que la poésie est la base de tout, tu es d’ailleurs convaincu que chacun de nous à un don en poésie et qu’il suffit de trouver un moyen de l’extérioriser. Comment tu fais pour réussir le tien ?
Mohand Said-Bensekhria : Oui, j’insiste sur le fait que la poésie est la base de tout. La poésie est partout, autour de nous, il suffit de la cueillir, de l’accepter. Elle est dans un regard, dans un mot, dans un geste, dans une feuille-morte qui tombe et la liste est très longue. Il faut juste y prêter attention, se donner le temps d’apprécier ces petites choses, comme je l’ai souligné au début. Et chacun de nous a de la poésie en lui-même. Et puis chacun l’exprime à sa façon. Si certains l’expriment en poèmes, en prose, d’autres l’expriment en musique, en peinture, en poterie et d’autres façons. Moi, j’ai toujours côtoyé les mots et ils m’aiment bien d’où mon 4ᵉ recueil sorti en mars 2024, meurtrissures du silence aux éditions Talsa.
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