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Marie-Hélène Sarrasin

La littérature permet la plus belle qualité : l’empathie

Marie-Hélène Sarrasin est une poétesse et enseignante en littérature au Cégep régional de Lanaudière à Joliette. Elle est née à Saint-Didace et a publié trois recueils de poésie aux Écrits des Forges. Elle vit et écrit à Saint-Gabriel-de-Brandon. Son premier roman, Douze arpents (2023) a été sélectionné pour le Prix des libraires. Bibliographie :
  • Géographie en courtepointe. Écrits des Forges, 2012,
  • Maison transatlantique. Écrits des Forges, 2015,
  • Nos banlieues. Écrits des Forges, 2020,
  • Douze arpents. Tête première, 2023,
  • Ce qui nous dévore, Éditions Tête Première
09/06/2025

Marie-Hélène Sarrasin

La littérature permet la plus belle qualité : l’empathie

Marie-Hélène Sarrasin est une poétesse et enseignante en littérature au Cégep régional de Lanaudière à Joliette. Elle est née à Saint-Didace et a publié trois recueils de poésie aux Écrits des Forges. Elle vit et écrit à Saint-Gabriel-de-Brandon. Son premier roman, Douze arpents (2023) a été sélectionné pour le Prix des libraires. Bibliographie :
  • Géographie en courtepointe. Écrits des Forges, 2012,
  • Maison transatlantique. Écrits des Forges, 2015,
  • Nos banlieues. Écrits des Forges, 2020,
  • Douze arpents. Tête première, 2023,
  • Ce qui nous dévore, Éditions Tête Première

Marie-Hélène Sarrasin est une poétesse et enseignante en littérature au Cégep régional de Lanaudière à Joliette. Elle est née à Saint-Didace et a publié trois recueils de poésie aux Écrits des Forges. Elle vit et écrit à Saint-Gabriel-de-Brandon. Son premier roman, Douze arpents (2023) a été sélectionné pour le Prix des libraires.

Bibliographie :

  • Géographie en courtepointe. Écrits des Forges, 2012,
  • Maison transatlantique. Écrits des Forges, 2015,
  • Nos banlieues. Écrits des Forges, 2020,
  • Douze arpents. Tête première, 2023,
  • Ce qui nous dévore, Éditions Tête Première
09/06/2025

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Transcription de l'épisode

J’ai beaucoup de plaisir à recevoir Marie-Hélène Sarrasin. Notre invitée est une poétesse et enseignante en littérature au Cégep régional de Lanaudière à Joliette. Elle est née à Saint-Didace et a publié trois recueils de poésie aux Écrits des Forges. Elle vit et écrit à Saint-Gabriel-de-Brandon. Son premier roman, Douze arpents (2023) a été sélectionné pour le Prix des libraires.

Après avoir été séduits par Douze arpents, le premier roman de Marie-Hélène Sarrasin, voici que nous recevons ce beau récit très touchant et très humain. Je dois dire que j’ai rapidement adoré le synopsis, cette histoire très touchante. J’y ai presque vu se dérouler sous mes yeux un film avec des personnages très émouvants.

Marie-Hélène Sarrasin nous emmène suivre le quotidien de deux personnages, Siméon et sa femme Madeleine. Siméon est un policier à la retraite, tandis que Madeleine est fleuriste. Siméon n’est plus très jeune et le poids des années lui font de plus en plus perdre la mémoire, à tel point qu’il se sent de plus en plus enfermé dans la maladie d’Alzheimer. Madeleine, malgré tout son bon vouloir, a de plus en plus de mal à s’occuper de lui.

Entre les deux, il y a Marine, leur petite-fille, qui attend un enfant et qui s’emploie à lire des livres à son grand-père. Marine est serviable, elle soutient même sa grand-mère comme elle peut. Mais voilà, elle constate avec tristesse à quel point leur quotidien s’alourdit. La mort de Siméon amènera les proches à revoir des pans de leur vie.

Échos littéraires : Marie-Hélène, bonjour, merci d’avoir accepté notre invitation. C’est un livre qui invite beaucoup à la réflexion. Vous abordez ce mélange d’émotions, avec la question de la fin de vie et la détresse des proches aidants. Nous sommes en plein dans cela au Québec. La sédation palliative qui est toujours d’actualité, mais aussi l’aide médicale à mourir. Je sais que le Québec va autoriser les demandes anticipées, d’aide médicale à mourir, sans attendre qu’Ottawa modifie son Code pénal. Pourquoi avoir choisi ce sujet justement ?

Marie-Hélène Sarrasin : D’abord, merci beaucoup pour l’invitation ! C’est un plaisir de répondre à vos questions.

Je n’ai pas été proche aidante moi-même, mais j’en ai vu dans mon entourage, dans les médias. Ce qui me frappe, c’est la détresse de part et d’autre : celle de la personne en fin de vie, qui perd son autonomie, qui craint de devenir un fardeau, qui compose avec sa nouvelle dépendance aux autres ; mais il y a aussi celle de la personne qui l’accompagne, avec son lot de culpabilité, de fatigue, du sentiment lourd d’être indispensable pour quelqu’un d’autre. Cette détresse m’apparaît comme un fil de fer tendu entre deux sentiments complémentaires : l’amour et la haine. Ainsi, tout n’est pas noir ou blanc ; c’est cette tension entre les deux qui m’intéresse et que j’ai cherché à faire ressortir chez mes personnages.

Échos littéraires : C’est une histoire fictive, mais vous avez fait tout un travail de recherche. La narration est très descriptive et ce mélange de désirs, de regrets, des blessures aussi, des éléments qui façonnent nos vies et nos relations. Cela n’a pas été facile de puiser toutes ces émotions ?

Marie-Hélène Sarrasin : Pour moi, la littérature permet la plus belle qualité humaine à mes yeux : l’empathie. Et c’est vrai pour le lecteur comme pour l’écrivain. Pour Douze arpents, la recherche se voulait surtout historique et botanique. Cette fois-ci, la recherche pourrait surtout se résumer à ça : l’empathie. Se mettre à la place des autres. Fouiller leurs émotions, leurs contradictions. Quand j’écris, j’essaye de me glisser dans la peau de mes personnages et de toucher au plus près leurs émotions. Les belles comme les moins belles. Ça veut dire le courage, le désir, l’amour… mais aussi tout ce qui se façonne autour de nos petites lâchetés.

L’amertume, par exemple, est un thème que j’ai cherché à explorer de différentes manières à travers les personnages de Ce qui nous dévore. Vous avez sûrement remarqué que je m’amuse beaucoup avec le réalisme magique. Eh bien, ça me permet justement d’illustrer de façon très concrète l’amertume de Suzanne, qui provoque littéralement des inondations dans son village.

Échos littéraires : Vous évoquez avec sensibilité les complexités des relations humaines, à travers vos personnages et de l’identité et de ces êtres, dévorés par leurs émotions, leurs obsessions et par les événements qui marquent leur existence aussi. C’est tout un travail psychologique. Avez-vous atteint l’objectif que vous vous étiez tracé avec ce roman, ou bien, c’était plus complexe à cerner ?

Marie-Hélène Sarrasin : Ça serait au lecteur de me dire si j’ai réussi ! Une amie m’a fait ce commentaire qui me dit que j’y suis peut-être parvenue : elle m’a dit que ce qui nous dévore abordait des thèmes très lourds, mais qu’elle y ressentait pourtant une certaine légèreté qui permettait de réfléchir à ces sujets sans se sentir entraînée dans cette noirceur. Le « travail psychologique » que vous nommez m’apparaît tenir de ça : Creuser les aspects plus sombres de nos vies et en faire des objets poétiques. J’essaie de comprendre mes personnages (et plusieurs humains à travers eux !), sans les juger, pour en faire ressortir la part de beauté.

Échos littéraires : Pour le personnage de Madeleine, vous vous êtes inspirée d’une connaissance qui a vraiment exercé le métier de fleuriste. À travers Madeleine, vous évoquez aussi la détresse des proches aidants, c’est un sujet très brûlant ?

Marie-Hélène Sarrasin : Je ne m’y brûle pas moi-même, mais c’est partout, autour, dans l’actualité comme dans l’entourage. Et je suis sûre que plusieurs lecteurs peuvent y reconnaître des proches. Mais outre cette détresse des proches aidants, j’ai aussi voulu faire ressortir les espoirs déçus, l’amertume nourrie par une vie qui ne se déroule pas comme prévu. Qui n’est pas à la hauteur de nos attentes. Mes personnages ont des rêves qui leur ont échappé. Ce qui leur permet de vivre malgré tout, de se réconcilier avec tout ça, c’est leur force, mais aussi celle qu’on trouve auprès des autres. La famille et la communauté m’apparaissent comme de grands soutiens.

Échos littéraires : Le récit nous parle aussi de Suzanne, la sœur de Siméon, habitée depuis des années par une brûlante colère. C’est aussi à l’image du portrait de ces femmes étouffées qui ont soif de liberté. Pensez-vous que les choses ont évolué dans la condition de la femme au Québec ?

Marie-Hélène Sarrasin : Évidemment. Mais cette soif de liberté réprimée est encore présente. Et pour plusieurs hommes aussi ! Ça nous ramène à l’amertume, au sentiment de ne pas vivre assez, de n’être pas assez tout court. Si on passe toute une vie à ne pas exercer le métier qu’on aurait voulu, par exemple, un travail dans lequel on ne se réalise pas et qui nous bouffe une bonne partie de notre vie, est-ce qu’on ne peut pas ressentir cette colère, cet étouffement ? Suzanne sent qu’on lui a volé quelque chose. C’est aussi le cas pour Madeleine qui exerce un métier qu’elle n’aime pas. Et Marine, elle, sent que l’idée qu’elle s’était faite de la maternité lui échappe. Pour Siméon, c’est sa mémoire, son autonomie qui lui fait défaut. Tous ces deuils, ces pertes épuisent et nourrissent la colère qui gronde dans le roman.

Échos littéraires : Nos lecteurs voudraient sûrement savoir si vous travaillez actuellement sur un autre projet et pouvez-vous nous en parler ?

Marie-Hélène Sarrasin : Douze arpents et Ce qui nous dévore sont les deux premiers tomes d’un triptyque ; le troisième tome sera publié chez Tête première, mais je n’ai pas de date encore. Dans ce dernier, j’ai voulu explorer l’attachement (au territoire, aux lieux, aux souvenirs, etc.) La forêt et la nature sont toujours porteuses des émotions des personnages ; aussi, la forêt devient-elle particulièrement inquiétante dans mon dernier roman. Je commence aussi un projet de recueil de nouvelles. Il se pourrait même que certains personnages de Douze arpents et de Ce qui nous dévore y figurent.

Échos littéraires : Merci beaucoup !

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