Paroles en lumières : Yves Alavo bonjour. J’ai beaucoup aimé une de vos expressions : »J’aime voir dans les yeux de mes interlocuteurs, la vivacité de l’esprit, la force de caractère de celles et ceux qui ont des convictions et savent les incarner ». Est cela votre muse ? Est-ce que c’est cela qui vous encourage à écrire et à produire ?
Yves Alavo : Vous savez, le contact direct avec les autres, cette communication de densité humaine, de toutes nos ressources visuelles, émotives, profondes et vitales, elle porte nos convictions, nos fragilités et ce que bat le pouls complet logique, sensible et rationnel mais d’abord ouvre notre porte du dialogue.
Échos littéraires : De 1988 à 1993, vous avez été de la première équipe de fonctionnaires qui ont mis sur pied le Conseil des communautés culturelles et de l’immigration du Québec. Nul doute que vous voyez ma question poindre. Comment se portent les communautés culturelles de l’immigration au Québec en 2025 ?
Yves Alavo : Bien humblement, avant mes 28 ans, j’ai eu, j’en suis fait, le privilège de naître au sein de la Famille tout à fait non conventionnelle créée par le couple de mes parents.
En résumé : de ma mère Zohra issue d’une famille tissée de nombreuses influences culturelles et historiques assises sur le socle Berbère au cœur de la ville-phare de Tlemcen, en Algérie.
Et aussi de mon père Antoine dont je pote le nom ALAVO. Fils princier grandi au sein de la grande famille royale d’Abomey au Dahomey, devenu le Bénin.
Tous les deux, citoyens Français du fait d’être employés sous le régime colonial Français au sein de l’administration basėe à Dakar alors capitale de l’AOF (Afrique occidentale française).
Je fais mes études primaires et secondaires à Dakar, ensuite, se dessine la décision de poursuivre ma formation et de m’engager au sein de la Congrégation des Monfirtains fondée en1715 par St-Louis-Marie Grignon de Montfort. Les Frèresde St-Gabriel, enseignants des différents cycles scolaires, jusqu’à l’Université.
Étudiant (1965-1971) en France au Lycée de grande réputation Saint GABRIEL , à Saint-Laurent sur Sèvres, promotion du Baccalauréat de 1969, études supérieures en théologie et sciences humaines-religieuses- sociologie (Noviciat de la Hilière sous la très compétente direction du Frère maître Louis Le Floc’h. J’ai vécu mai 1968 en Loire-Atlantique à Nantes. Une formation rigoureuse, qui répondait aux exigences d’un monde en changement et qui m’a préparé à faire face et à assumer les défis assez variés attachés aux responsabilités que j’ai eu exercer tout au long des ¾ de siècle vécus jusqu’à maintenant bien traversés, à la grâce de Dieu, de ma famille originelle, de celle aussi dont je suis père avec comme épouse Paule Mauffette, professeure d’histoire, nous sommes parents de trois enfants et grand-parents de trois petits-enfants extraordinaires.
Par-là suite, engagé avec des vœux temporaires j’ai participé activement à la Communauté et enseigné deux années (1971-1973) au Collège du Sine dans la Ville de Fatick (Sénegal).
Religieux-Enseignant membre de l’Académie du Sine-Saloum, chef de chorale, et animateur liturgique, par ailleurs aussi, coéquipier du club local de football, Des engagements multidimensionnels
La suite : 1973-1978- et 1979-2025 :
Ayant opté pour un retour à la vie laïque, je vais dans la capitale, inscris à l’université de Dakar (devenus maintenant Université Cheikh-Anta DIOP), y poursuivre des études à la Faculté des Arts et des Lettres, au département de Philosophie. Parallèlement aux études à plein temps, je réussis le concours de journaliste-reporter du grand quotidien national Le Soleil ce sont des défis seulement possibles à relever quand on est plus jeune.
Les journées sont constituées d’études en faculté durant la matinée, de reportages et plein temp en salle de rédaction selon les affectations (social, sportif -scolaire-universitaire- surtout en athlétisme ainsi que championnat national de football, principalement). Notons que j’ai eu aussi à collaborer à des magazines (Afrique Nouvelle- Amina et Bingo etc.
Diplômes obtenus, surtout avec l’assurance éprouvée de mes capacités d’analyse, de synthèse et la maîtrise de la rédaction sur des sujets variés, d’entrevues et aussi de reportages sociaux-culturels-sportifs, j’ai obtenu la bourse canadienne des communications.
J’avais bien constaté au cours de rencontres avec des collègues professionnels, lors d’événements internationaux (culturels et sportifs) que j’ai couvert (Paris-Montevideo-Bahia Blanca) qu’au sein de la francophonie, ce sont dans les universités canadiennes que les meilleurs spécialistes, désormais, venaient se perfectionner.
Inscris à la maîtrise (avec thèse) à l’Université de Montréal (UDM), j’entrais dans la première promotion au Département de Communications de la Faculté des Arts et des sciences. Sur 25 inscris, nous avons été 12 à mener à terme le cursus et à obtenir le diplôme de Maîtrise en Sciences de la Communication. En 2010, la Faculté me décernait un diplôme d’honneur.
Chargé de cours au sein de mon alma mater, tout en agissant comme correspondant de Radio-France Internationale, de plusieurs magazines africains, j’ai eu l’occasion de contribuer à certains de nos quotidiens Le Devoir, le Droit, La Presse, ainsi qu’avec des publications spécialisées CRDI, IRSST, Communication de l’Université Laval.
Par la suite, sans en faire un descriptif détaillé, j’ai eu une vie professionnelle (Communications dont la gestion de publications-conseils stratégiques et planification-animation d’événements protocolaires) :
Au service du Québec en plusieurs secteurs de la fonction publique et parapublique, le ministère de l’Immigration, la Commission des droits de la personne, IRSST, Atelier Le Fil d’Ariane.
Des fonctions et responsabilités au sein de la fonction publique fédérale essentiellement comme formateur au Service de la formation et développement du réseau français de Radio-Canada (techniques d’entrevues-éthique et déontologie-méthodes de recherche) et gestionnaire animateur du Programme international Journalisme en démocratie.
Pour Montréal métropole, d’abord au sein du Comité de transition de Montréal, par la suite comme professionnel conseil et planification auprès des directions (Relations interculturelles, Culture et Grands parc).
Au cours du 21e siècle, ma contribution citoyenne s’est manifestée surtout par la participation à la création d’institutions et d’organismes socioculturels (Vues d’Afrique, Conseil des Communautés du Québec, Visions diversité, Diversité artistique Montréal, Culture Montréal, Montréal Interculturel, ECTO coopérative) Cette volonté de changement de notre société, à plusieurs niveaux, se concrétise par une série d’engagements communautaires et bénévoles afin de faire rayonner ces organismes et d’autres (le CECI, Oxfam-Québec, Amnistie Internationale, Solidarité Ahuntsic, Comité citoyen Youville, La ruelle des escargots fringants, etc.)
Important et central à l’ensemble du développement de mon existence et de l’expérience au développement collectif, il y a la Famille quarante-trois ans bientôt de vie commune et marié avec Paule Mauffette, paternité active comme père de trois jeunes adultes et grand-père de trois jeunes adolescents. Par-dessus tout, mon action majeure et transversale : la détermination de transmettre, de donner à la relève en formant, intéressant les plus jeunes à vivre leur citoyenneté de plusieurs manières.
Échos littéraires : Dans vos poèmes, il y a comme un hymne à la Nature. Vous interpellez notre attention, avec des sujets qui touchent à la femme, l’amour, la beauté, la sensualité, la tolérance et l’égalité qui y sont célébrées. Comment vous viennent les sujets que vous abordez ? – Est-ce une urgence, voir des contemplations ?
Yves Alavo : D’emblée je vous révélerai que mon intérêt pour la littérature, pour l’écriture poétique a été éveillé autant par ma mère que par mon père. Deux curiosités différentes. Maman elle lisait de nombreux magazines, écoutait de la musique et aimait chanter, la poésie plus accessible. Papa était un fervent des grands classiques et auteurs Français Ronsard, Victor Hugo, Lafontaine, De Musset, Balzac, Rousseau, Villon, Péguy, etc. Avec cette ouverture vers l’écriture littéraire, très jeune il y a l’attrait pour la gastronomie, la passion de la cuisine. C’est un tout autre pan de ma vie que je ne cesse d’approfondir en créant depuis presque un demi-siècle, de nombreuses recettes inédites mais aussi, au quotidien, en nourrissant de produits frais qu’en partie je cultive, des centaines de personnes par an.
Pour répondre à votre question à propos de mon inspiration, il y a d’abord le vécu, les personnes et les événements qui rythment mon expérience humaine, amitié, fraternité, amour, convictions, musique, l’immense richesse de la Nature, les situations sociales, la quête de la justice, etc.
Les années qui passent m’apportent une sérénité et ouvrent des perspectives beaucoup plus pérennes à ce pan littéraire de ma vie. La musique est toujours intimement unie à la rythmique des mots et des phrases et des vers.
Échos littéraires : Votre belle plume vous a valu de recevoir de nombreux prix et distinctions, comme le prix du Carrefour des communautés du Québec et du MICC. Vous êtes également récipiendaire, en 2008, du Premier Prix de poésie de l’Association québécoise des professeurs de français (AQPLF) et de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL). Vous êtes un modèle pour beaucoup de personnes. Vous avez ecrit de si belles choses.
Yves Alavo : Effectivement, les 4 recueils de poésie qui jalonnent mon profil d’auteur sont :
Bleu de lune et soleil d’or- 2007
Vertiges sublimes et couleurs des saisons intimes- 2010
Ambre vermeil couleurs de la vie-2019
Rouge fureur Chants de lumière – 2024
Disent plus dans leur contenu, les thématiques qui sillonnent la poésie que je vis.
Échos littéraires : Je vous cite : »Je suis un grand rêveur ; je rêve sans cesse d’un monde meilleur, plus fraternel, plus juste « . Pensez-vous qu’on va le réaliser un jour ce rêve ? Qu’est-ce que cela prend à votre avis ?
Yves Alavo : Vivre encore plus au diapason de nos amours, avec la musique qui nous inspire, avec les personnes qui font que nous sommes plus libres, faire rayonner les passions qui vibrent en nous et que nous partageons. Délaisser le bruit d’un monde bouleversé aux prises avec l’idéologie et le terrible dogmatisme de la polarisation extrême pour celui de nos intimités, des potentiels que la jeunesse des sociétés d’avenir nous offre, danser, chanter ensemble, surtout mutualiser nos leviers des technologies numériques pour plus de justice, pour une agriculture rénovée, un environnement susceptible d’assurer la vie.
Échos littéraires : Pour finir, êtes-vous en mode écriture actuellement, avez-vous un projet en préparation pour donner à nos lecteurs l’envie d’attendre sa sortie ?
Yves Alavo : Mon projet de vie, le livre sur la vie exceptionnelle de ma Mère. J’ai séjourné dans la maison de mes grands-parents maternels, celle de la naissance de Maman, à Tlemcen, pendant un mois en 2018, grâce à la générosité de ma cousine. Le livre est écrit et je suis en démarche pour sa publication.
Paroles en lumières : Merci du fond du cœur
Yves Alavo : Un plaisir