Né le 24 janvier 1951 à Constantine, Zine El Abidine Benbadis, puise dans son vécu et dans ses réflexions pour offrir au lecteur une œuvre introspective, où se mêlent nostalgie et sagesse. Mes Pierres Blanches se présente ainsi comme un témoignage poignant, invitant chacun à revisiter ses propres souvenirs et à méditer sur le passage du temps.
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Ancien journaliste à la Radio Chaîne III, Zine El Abidine Benbadis, a levé le voile sur son parcours de vie dans une autobiographie poignante intitulée Mes pierres blanches. Dans un style sobre mais chargé d’authenticité, il remonte le fil du temps, depuis sa naissance en 1951 à Constantine jusqu’au jour où il a tourné la page de sa carrière radiophonique.
Avec la tendresse et la naïveté propres à l’enfance, il évoque des épisodes de son passé que le recul du temps a peu à peu teintés de sens. Certains événements, autrefois flous, prennent aujourd’hui un relief inattendu. Il ne se contente pas de raconter : il témoigne. De ce qu’il a vu, de ce qu’il a senti. Il jette aussi un regard lucide sur les grands moments de l’histoire nationale qu’il a vécus de l’intérieur, micro en main.
Ses souvenirs d’enfance, notamment ses années d’école à Constantine puis à Khroub, vibrent encore dans ses mots. Il y revisite ces cours d’histoire aux relents coloniaux – « Nos ancêtres les Gaulois » – avec un mélange d’amertume et de lucidité, comme un écho venu d’un passé que l’on croyait enfoui, mais qui continue à parler, à interpeller
Échos littéraires : Bonjour Zine, merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Comment est venue l’idée d’écrire ce livre ?
Zine El Abidine Benbadis : L’idée d’écrire ce livre s’était en fait imposée à moi dès lors que face à la » floraison » de tant de désinformations inhérentes à l’Histoire de mon pays, de notre pays plutôt, il fallait réagir avec mes maigres moyens, un clavier, des lettres, un écran blanc qu’il fallait animer aux sources et celles de mon enfance et celles qu’à retenue la mémoire collective. Un exercice apparemment facile, car la mémoire affective est, à mon sens, inaltérable et qu’elle peut dépasser notre parcours de vie pour peu que l’on écrive, et cela, avec l’espoir de laisser une trace dans un monde où il y a tant de source, parfois fausses, que j’ai tenté d’y apporter un complément, mais sur la base de ce que j’ai vu, écouté, lu puis écrit.
Échos littéraires : Les pierres blanches sont des échos de sérénité, apportant une harmonie silencieuse à l’âme. Ces pierres incarnent aussi une essence apaisante. Peut-on dire que l’esprit de Zine Ben Badis est au beau fixe et apaisé ?
Zine El Abidine Benbadis : Mais bien entendu, c’est surtout une sorte de résistance certes passive, mais dont les jalons plantés dans les chemins escarpés de mes souvenirs ont rejoint un noyau et le plus beau celui des prendre de la distance pour relater bien des aspects non pas du roman national, mais d’une manière, j’ose l’espérer objective, tout ce dont j’ai été témoin. Au terme de mon écrit effectivement malgré les aléas qu’a connu notre jeune État nation, je termine sur une note raisonnablement optimiste en tirant des archives de texte prémonitoire de mon grand-oncle écrit en… 1905. En voici le texte : »Les institutions élues par le peuple de même qu’elles ont autorité sur lui par sa volonté, de même qu’elles représentent tout à la fois ; son identité, sa personnalité, ses espoirs et ses idées, et qu’elles ne peuvent le représenter véritablement que si elles émanent de lui. Les élections de la représentation nationale sont les garants de la liberté de la nation et de sa présence, et c’est par elles qu’on juge d’un niveau d’une nation et de son rang parmi les nations. Quant aux peuples asservis ; leur asservissement, quand il se perpétue, pervertit leurs qualités innées et tue leur sensibilité, au point qu’ils ignorent ce que personne n’ignore et qu’ils se privent de ce dont aucune créature ne se prive. Abdelhamid Ibn Badis 15 octobre 1925, El Mountaquid.
Échos littéraires : Je connais déjà depuis longtemps, ta nature optimiste, est ce que le fait d’écrire, apporte aussi une autre satisfaction ?
Zine El Abidine Benbadis : Évidemment qu’écrire est pour moi un plaisir tel celui d’un albatros tournoyant entre ciel et mer regardant son environnement sous plusieurs prismes et remontant vers les cieux que beaucoup peinent à imaginer ceux du plaisir intense de l’esprit et de transmettre à l’Autre, le lecteur que ne connais pas, mais qui lui me découvre.
Échos littéraires : Le livre est facile et surtout agréable à lire, j’ai noté ce passage qui m’a interpellé – page 44 : À l’école, «les disparités sociales étaient visibles, malgré le port du tablier censé nous mettre sur un même pied d’égalité » Tu as toujours combattu les inégalités, penses-tu que nous avons franchi des étapes, ou bien, il reste encore bien du travail à faire ?
Zine El Abidine Benbadis : Les inégalités ont été évidemment réduites énormément depuis l’indépendance. Le sens de la révolution fanonienne, la nôtre, d’essence paysanne, porte en elle un bouleversement vraiment révolutionnaire. Je m’explique , le fils du khames, de celui qui était invisible lors de l’occupation française vêtu de sac de jute et de chambre à air en guise de chaussure, le ventre creux est devenu pilote , médecin , journaliste , plombier menuisier tel est le message de notre révolution .Bien entendu les élites entre guillemets formées par les Français dans les années vingt du siècle dernier étaient porteuses d’un mépris pour le pauvre, cela avait donné une féodalité ressuscitée plus francophile que francophone. C’est cette féodalité qui essaie aujourd’hui parfois avec réussite à s’emparer du pouvoir décisionnel avec son allié objectif les islamistes terme désignant cette néo religion fondamentaliste. Le résultat des courses logique du reste un antagonisme entre prétendu démocrate et prétendu musulman. Les uns comme les autres se rejoignent sur la privatisation de tous les secteurs. Cela a été vécu depuis 1978, cette lutte est sur le point de s’achever avec une reprise en main par l’État qui certes concèdes aux uns et aux autres quelques secteurs, mais aucunement les secteurs stratégiques. Il y a fort à parier que dans dix-huit mois l’Algérie connaîtra un essor dont les prémisses apparaissent depuis quelque temps.
Échos littéraires : Le livre est teinté d’humour et il se lit avec un réel plaisir. Est-ce que tu es satisfait de l’accueil qu’il a reçu auprès du public ?
Zine El Abidine Benbadis : Apparemment, j’ai quelques échos favorables auprès des quelques libraires, le seul problème, c’est que les gens préfèrent la facilité des réseaux du type tik tok bien lire n’est plus un passe-temps favori, mais il apparaît comme un pensum. J’ai été invité au Maghreb des livres à Paris, mon livre y figure, mais pas son auteur. La cause est un retard d’obtention du visa. Tu verras cela sur ma page facebook
Échos littéraires : Ce livre est le premier, chacun doit maintenant se dire à quand, le second. Est-ce que nous pouvons en parler ? As-tu des projets d’écriture sous la main actuellement ?
Zine El Abidine Benbadis : J’en rigole, j’ai le titre, mais pas encore mis une seule ligne. Il aurait pour titre : Sans filtre aucun, écrire sur les sujets tabous et riposter au paraître au profit de l’être. Au diable les faux-semblants, être au sein d’un pré , voire l’herbe se plier sous la symphonie silencieuse d’une brise ; le chant des oiseaux, le ruissellement de l’eau, le sourire des amis, bref le bien-être avec si peu pour certains, mais beaucoup pour moi, ce cadeau qu’est la vie, la nature si fidèle dans ses rendez-vous loin des roomentades et discours quadrillant la morale des religieux, du moins apparemment.
Échos littéraires : Merci mille fois Zine
Zine El Abidine Benbadis : Avec un grand plaisir
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