Mouloud Belabdi est un écrivain, poète, journaliste et scénariste d’origine algérienne, installé à Montréal depuis plusieurs années. Il a étudié la communication et le journalisme à l’Université d’Alger, puis a poursuivi ses études à l’Université d’Ottawa. Il a exercé comme journaliste, chargé de l’information et de la documentation, et enseigne également à la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Son parcours littéraire est marqué par une sensibilité à la vie, à l’exil et à la mémoire, qu’il explore à travers la poésie, le récit et l’entretien.
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Auteur de trois recueils de poésie publiés, le premier en Algérie « Mandala » et les deux autres au Québec : ‘Intensément la vie’ et ‘Chant de la douleur et de l’espérance algériennes’. En 1994, il a obtenu la médaille d’argent de l’URTI (Université radiophonique et télévisuelle internationale) pour son émission Journal de la douleur et de l’espérance algérienne. En 1996, il a remporté le premier prix de poésie adulte de la ville de Gijon en Espagne, à l’occasion de la tenue de la Foire mondiale d’idées pour la paix.
Aujourd’hui, Échos Littéraires, a le plaisir de rencontrer l’écrivain Mouloud Belabdi pour évoquer avec lui un recueil de poésie » Intensément la vie » paru au Québec, aux éditions Fondation littéraire Fleur de lys en 2005. Le poème se fait et refait continuellement la vie.
Échos littéraires: Mouloud Belabdi, bonjour, ce, recueil est une invitation à la réflexion. Le poème est une arme, un mot assez fort pour le crier et le faire transmettre. Vous réaffirmez avec force que nous avons tous besoin de poésie, ce fragile pouvoir des mots. Certes, dire et déclamer semblent bien dérisoires dans une époque où le bruit des armes recouvre le simple spasme de vivre.
Quel regard vous jetez sur le monde dans lequel nous vivons au jour le jour ?
Mouloud Belabdi: Bonjour, la poésie a certes, un pouvoir, celui de transformer le regard de l’être humain. La poésie se dit et se vit dans le même temps. Et c’est dans ce sens que je parle d’elle comme pouvoir, comme ouverture vers la Conscience. En d’autres termes, vers ce que nous sommes vraiment, vraiment, au-delà ou plutôt en deçà des apparences.
Les plus grands textes sacrés de l’Humanité empruntent le chemin de la poésie pour s’adresser à l’être humain. Dans le contexte actuel, alors que l’on est proche d’une guerre nucléaire et que, même la Nature réagit de plus en plus fort à l’action humaine sur Terre, nous constatons que la division du monde est désormais évidente. Mais ce n’est pas nouveau. Rien de nouveau sous le soleil. Nous gardons tous, quelque part en nous, en tant qu’Humanité, le souvenir plus ou moins flou des catastrophes passées. Et nous assistons aujourd’hui, comme par le passé, justement, à la fin d’un monde. Celui de l’hégémonie de l’Occident.
La civilisation, dit-on se déplace d’Ouest en Est. Nous sommes arrivés à ce point du changement irréversible. Et bien sûr, ceux qui dominent aujourd’hui le monde, n’accepteront pas la défaite ou, si vous préférez, l’impermanence. Nous savons pourtant que ce qui est historique a toujours un début et une fin. Que ce soit l’être humain qui naît et qui meurt, la puissance d’un pays, ses frontières, et même la paix et la guerre. Ne l’oublions jamais. Bouddha disait déjà, il y a 2500 ans : rien de permanent en dehors du changement.
Échos littéraires: Vous dites avec conviction pourtant que c’est la parole et le silence qui donnent un sens au vivre. La poésie réussit parfois à mieux exprimer les sensations vécues, les angoisses intraduisibles. Pensez-vous que la poésie apporte toujours un sens à nos vies ?
Mouloud Belabdi: Absolument ! En effet, c’est ce que je constate chaque jour. Les mots expriment ce que le silence a déjà compris. Le silence, selon moi, révèle bien mieux la réalité que les mots. Les grands sages de la spiritualité ont toujours mis en avant cette idée. Je me souviens que c’est Christian Bobin, décédé en 2022, qui disait que la poésie était comme poser sa main sur la pointe la plus fine de la réalité’’. Il ajoutait : La réalité se trouve du côté de la poésie et la poésie du côté de la réalité. La poésie n’est ni le rêve, ni l’imagination.
Échos littéraires: Vous dites avec raison que le Monde s’acharne à ne pas aller où nous voudrions qu’il aille. Sommes-nous condamnées à le suivre dans sa course effrénée ? La mémoire éprouve parfois ce besoin de s’exprimer et de se libérer. Ou bien pensez-vous que le défaitisme n’est pas une solution ?
Mouloud Belabdi: Le défaitisme n’est jamais la réponse. L’acceptation, oui. Nous acceptons la réalité avec ses aspects positifs et négatifs. L’acceptation n’est pas synonyme de défaitisme, de l’abandon des efforts. C’est reconnaître une réalité et agir en conséquence. Le monde traverse une période difficile aujourd’hui. Elle est même rare et exceptionnelle tout au long d’un grand cycle. Rien de comparable avec la Première ou la Seconde Guerre mondiale. Il ne sert à rien de le nier. Il faut le reconnaître et agir en conséquence. Même si ces efforts n’aboutissent pas. À cet égard, le silence, parfois, peut-être une réponse pour soi.
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